Pourquoi le Seigneur, entré à Jérusalem afin d'y accomplir Sa Passion, propose-t-il de telles paraboles à Ses disciples: ce sont, dit-Il, des paraboles qui s'appliquent aussi aux Juifs.
En effet, Il raconte la parabole des dix vierges en portant l'attention sur la miséricorde, et en même temps Il enseigne à tous à être prêts avant la fin. Car sur la virginité, Il leur a parlé plusieurs fois, ainsi que sur les eunuques. Certes, beaucoup de gloire s'attache à la virginité, elle est grande, en vérité. Mais afin que nul, en pratiquant cette vertu, ne néglige les autres, et surtout la miséricorde, dont s'éclaire la lampe de la virginité, le Saint Evangile propose cette parabole. Il présente donc cinq vierges prudentes, qui ont joint à la virginité l'huile abondante de la miséricorde, et cinq insouciantes, qui certes possèdent elles aussi la virginité, mais sans qu'elle soit assortie de la miséricorde.
Car les insouciantes, puisqu'elles possédaient le plus, ont négligé le moins et, en cela, ne se sont distinguées en rien des débauchées: si ces dernières ont manqué dans leur corps, celIes-là ont manqué dans leurs biens. Or, la nuit de cette vie étant arrivée, toutes les vierges se sont endormies, c'est-à-dire qu'elles moururent, car ici le sommeil signifie la mort. Tandis qu'elles dormaient, un cri se fit entendre au milieu de la nuit, et celles qui avaient assez d'huile lorsque les portes s'ouvrirent, entrèrent avec l'Epoux, tandis que les insouciantes, qui n'avaient pas assez d'huile, le cherchèrent dans les ténèbres. Les prudentes, même si elles avaient voulu leur en donner, ne le pouvaient pas; et avant la venue de l'Epoux, elles leur dirent: «Cela ne suffirait pas pour nous et pour vous; allez chez les marchands, c'est-à-dire chez les riches, pour en acheter!» Evidemment, après la mort, cela n'est pas possible. La parabole de Lazare et du mauvais riche le montre bien, lorsqu'Abraham dit qu'on ne peut passer d'un endroit à l'autre. Mais les insouciantes s'avancent maintenant, avec la lumière qu'elles ont trouvée, et elles s'écrient en frappant à la porte: «Seigrieur, Seigneur, ouvre-nous!» Et le Seigneur leur donne cette terrible réponse: «Allez-vous-en, je ne vous connais pas! Comment pourriez-vous rencontrer l'Epoux sans avoir votre dot, c'est-à-dire la miséricorde?»
Voilà pourquoi cette parabole des dix vierges a été placée ici, par ordre des Pères Théophores, pour nous enseigner à être toujours vigilants, prêts à rencontrer le véritable Epoux, grâce à nos oeuvres de bien, principalement la miséricorde, car on ne connaît ni le jour ni l'heure de la fin. Il faut donc, comme Joseph, conserver la chasteté, mais il faut aussi que notre figuier produise en toute saison des fruits spirituels. Celui qui pratique cette unique, et certes très grande, vertu et qui néglige les autres, en particulier la miséricorde, n'entre pas avec le Christ dans l'éternel repos, mais s'en retourne confondu. Il n'est rien de plus triste et déshonorant qu'une virginité qui manque de ce bien.
"Triode de Carême", Diaconie Apostolique 1993
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