Mittwoch, 11. Dezember 2013

Le mystère de la Trinité




Les chrétiens croient en un Dieu Trinité, Père, Fils et Saint Esprit. La Trinité n'est pas trois dieux, mais un Dieu en trois Hypostases, c'est-à-dire en trois entités personnelles indépendantes. C'est le seul cas où 1 = 3 et 3 = 1. Ce qui en mathématique ou en logique semblerait absurde s'érige en pierre angulaire de la foi. Le chrétien communie au mystère de la Trinité non  par des raisonnements logiques, mais par le repentir, c'est-à-dire par le changement et le renouvellement complets de l'esprit, du cœur, des sentiments, de notre nature tout entière (le mot grec pour « repentir », metanoïa signifie littéralement « revirement de l'esprit »). Il est impossible de communier à la Trinité tant que l'esprit n'a pas été illuminé et transfiguré.
L'enseignement sur la Trinité n'est pas une invention de théologiens, mais une vérité divinement révélée. Lors du baptême de Jésus-Christ, Dieu se manifeste pour la première fois et en toute clarté au monde comme Unité en trois Personnes: « Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et, pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé; en Toi j'ai mis toute mon affection » (Lc 3,21-22). La voix du Père se fait entendre du ciel, le Fils est dans les eaux du Jourdain, l'Esprit descend sur le Fils. A de nombreuses reprises Jésus-Christ révèle son unité avec le Père, son envoi par le Père dans le monde, sa désignation comme Fils de Celui-ci (Jn 6-8, etc.). Il promet également aux disciples d'envoyer l'Esprit Consolateur, qui procède du Père (Jn 14,16-17, 15,26, etc.). En envoyant les disciples à la prédication, il leur dit: « Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28,19). Dans les écrits des apôtres il est également fait mention du Dieu-Trinité: « Il y en a trois qui rendent témoignage: le Père, la Parole et l'Esprit Saint, et les trois n'en font qu'un » (1 Jn 5,7).
C'est seulement après la venue du Christ que Dieu se révéla aux hommes comme Trinité. Les anciens hébreux gardaient une foi stricte dans le Dieu unique, et n'auraient pas été en mesure de comprendre l'idée de la Divinité triple, car une telle idée aurait été perçue comme synonyme de trois dieux. A l'époque où le polythéisme régnait sans partage sur le monde, le mystère de la Trinité était caché à la vue des hommes, comme enfoui dans le fond le plus secret de la vérité sur l'unité de la Divinité.
Termes et formules
Le plus simple serait d'expliquer le mystère de la Trinité comme le fit saint Spiridon, présent au Concile de Nicée. D'après la tradition, on lui demanda comment il était possible que Trois apparaissent simultanément comme Un, et au lieu de répondre il prit une brique et la broya dans ses mains. De l'argile émiettée dans les mains du saint, une flamme s'échappa vers le haut et vers le bas une eau se mit à couler. « De même que dans cette brique il y a du feu et de l'eau, dit-il, de même dans le Dieu unique il y a trois Personnes... ».
Le Dieu Trinité n'est pas un être figé, il n'est pas repos, immobilité, statisme. « Je suis Celui qui suis », dit Dieu à Moïse (Ex 3,14). Celui qui est signifie l'existant, le vivant. En Dieu est la plénitude de vie, et la vie est mouvement, phénomène, révélation. Certains des noms divins, comme nous l'avons vu, ont un caractère dynamique: Dieu est comparé au feu (Ex 24,17), à l'eau (Jr 2,13), au vent (Gn 1,2). Dans le Cantique des Cantiques une femme cherche son bien-aimé, qui fuit loin d'elle. Selon la tradition chrétienne cette image fut interprétée (par Origène, Grégoire de Nysse) comme représentant l'âme lancée à la poursuite de Dieu qui sans cesse se dérobe à elle. L'âme cherche Dieu, L'a-t-elle à peine trouvé qu'elle Le perd à nouveau, elle s'efforce de Le concevoir, mais Il reste inconcevable, elle s'efforce de Le contenir, mais ne peut y parvenir. Il se meut à une extrême « rapidité », toujours au-delà de nos forces impuissantes à Le suivre. Trouver et rattraper Dieu signifie accéder soi-même à l'état divin. De même que, selon les lois de la physique, si un corps matériel se mettait à se déplacer à la vitesse de la lumière, il se transformerait lui-même en lumière, de même en est-il de l'âme: plus elle se rapproche de Dieu, plus elle se remplit de Sa lumière et devient porteuse de lumière...

L’Unité de l’amour
Un des plus nobles noms donné à Dieu appartient à l'apôtre Jean le Théologien: « Dieu est amour ». (1 Jn 4,8; 4,16). Mais il n'y a pas d'amour sans l'être aimé. L'amour présuppose l'existence de l'autre. Une monade seule et isolée ne peut que s'aimer elle-même: l'amour de soi n'est pas l'amour. L'unicité d'un être égocentrique ne manifeste pas encore la personne. De même que l'être humain ne peut se reconnaître comme personne en dehors d'une relation avec les autres personnes, de même il ne peut y avoir en Dieu un être personnel en dehors d'une relation d'amour avec un autre être personnel. Le Dieu Trinité est la plénitude de l'amour, chaque Personne-Hypostase étant tournée avec amour vers les deux autres Personnes-Hypostases. Au sein de la Trinité les Personnes se reconnaissent comme « Je et Tu »: « Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi », dit le Christ au Père (Jn 17,21). « Tout ce que le Père a est à Moi; c'est pourquoi J'ai dit qu'Il (l'Esprit) prend de Moi ce qui est à Moi, et qu'Il vous l'annoncera » (Jn 16,15). « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu », ainsi s'ouvre l'Evangile de Jean (Jn 1,1). Dans le texte grec il y a « tourné vers Dieu » (pros ton theon), soulignant par là le caractère personnel des relations réciproques de Dieu Parole et de Dieu Père: le Fils non seulement est engendré du Père, non seulement Il existe avec le Père, mais Il est tourné vers le Père. Chaque hypostase dans la Trinité est ainsi tournée vers les autres hypostases. Saint Maxime le Confesseur parle du « mouvement éternel [de la Trinité] dans l'amour ».
Sur l'icône de la Sainte Trinité de saint André Roublev, ainsi que sur les autres icônes de ce type iconographique, nous voyons trois anges assis à une table sur laquelle se trouve une coupe, symbole du sacrifice expiatoire du Christ. Le sujet de l'icône est emprunté à l'épisode déjà cité de la vie d'Abraham (ce motif iconographique s'appelle « l'hospitalité d'Abraham »), les trois personnages sont représentés tournés à la fois les uns vers les autres et vers la coupe. Sur cette icône est comme imprimé l'amour divin qui règne au sein de la Trinité, et dont la plus haute manifestation se traduit dans l'acte expiatoire du Fils. Comme l'a dit saint Philarète (Drozdov), c'est « l'amour du Père crucifiant, l'amour du Fils crucifié, l'amour de l'Esprit Saint qui triomphe par la puissance de la croix ». L'immolation sur la croix de Dieu le Fils est également un acte d'amour du Père et de l'Esprit Saint.

Dieu créateur
Si le Démiurge platonicien fait figure d'artisan qui ordonne toutes choses à partir d'une matière primordiale, le Dieu biblique, Lui, est le Créateur qui bâtit tout l'univers à partir du néant. L'Ancien Testament l'affirme avec netteté: « Regarde le ciel et la terre, contemple tout ce qui est en eux et reconnais que Dieu les a créés de rien (II Mac 7,28). Tout être a reçu le don de la vie à partir de la libre volonté du Créateur: « Il dit, et la chose arrive; il ordonne, et elle existe » (Ps 33,9). Aucune nécessité n'a contraint Dieu à créer le monde; même Son amour, qui ne peut se passer, comme tout amour, d'un objet à aimer, ne pouvait le contraindre à l'acte créateur, puisqu'il trouve déjà son accomplissement dans la communion des hypostases de la Divine Trinité, au sein de laquelle chaque hypostase est à la fois sujet et objet, aimant et aimé. Dieu a créé l'univers pour cette unique raison qu'Il voulait que « la vie surabondante » dont Il jouissait en Lui-même se répande au-delà des limites de Sa nature, et que les êtres vivants deviennent participants à la béatitude et à la sainteté Divines.
A l'acte créateur prirent part les trois Personnes de la Sainte Trinité. L'Ancien Testament l'annonce déjà prophétiquement: « Les cieux ont été faits par la Parole du Seigneur, et toute leur armée par le Souffle de sa bouche » (Ps 33,6) . Sur le rôle créateur joué par le Verbe divin, l'apôtre Jean s'exprime au début de son Evangile: « Toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui » (Jn 1,3). De l'Esprit il est question dans la Bible: « La terre était informe et vide, il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux » (Gn 1,2). Le Verbe et l'Esprit, pour reprendre l'image de saint Irénée de Lyon, sont « les deux mains » du Père. Cela signifie qu'à l'acte commun de la création, les Trois ont collaboré, Leur volonté est une, mais chacun agit à Sa façon. « Le Père est le principe premier de tout existant, dit saint Basile le Grand. Le Fils, le principe de création, l'Esprit Saint le principe d'accomplissement, de telle sorte que par la volonté du Père tout existe, par l'action du Fils tout vient à l'être, par la présence de l'Esprit tout est accompli ». En d'autres termes, dans l'acte créateur, au Père est dévolu le rôle d'être le principe de tout, au Fils-Logos (Verbe) le rôle du démiurge-créateur, et l'Esprit Saint achève, c'est-à-dire amène tout le créé à son point de perfection.
Ce n'est pas par hasard que les Saints Pères, en parlant du rôle créateur du Fils, préfèrent le nommer Verbe: Il manifeste le Père, Il révèle le Père, et comme toute parole, Il est tourné vers quelqu'un, dans le cas présent vers tout être créé. « Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils seul engendré qui est dans le sein du Père, est celui qui L'a fait connaître » (Jn 1,18). Le Fils a révélé le Père à l'être créé, grâce au Fils l'amour du Père s'est répandu sur la créature, et elle a reçu la vie.

Pour quelle raison Dieu a-t-il tout créé? A cette question la théologie patristique répond: « par surabondance d'amour et de bonté ». « Le Dieu bon et plus que bon, ne s'est pas contenté de sa propre contemplation, mais, dans la surabondance de Sa bonté il Lui a plu qu'un autre participât à Son action bienfaisante et à Sa bonté, et Il a amené du non-être à l'être et créé toutes choses », écrit saint Jean Damascène. En d'autres termes, Dieu a voulu que quelque chose d'autre participât à sa béatitude, communiât à son amour.

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