Montag, 2. Dezember 2013

Père Antonios Alevisopoulos: Expériences spirituelles

L’homme peut avoir le sentiment de la présence de la grâce divine dans sa vie, c’est-à-dire qu’il peut avoir des expériences spirituelles. L’Ecriture Sainte, toutefois, recommande aux fidèles: “Bien-aimés, ne croyez pas dans tous les esprits, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu”. Elle souligne en outre que plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde et elle montre de plus, des moyens pour pouvoir juger et discerner les esprits de vérité de l’esprit d’erreur, c’est-à-dire l’authentique expérience de l’expérience de contrefaçon (I Jean 4, 1-6).
Il faut souligner d’emblée, que la Sainte Écriture ne place pas l’expérience au centre de nos intérêts, pas plus qu’elle ne l’élève à quelque chose d’absolu. La foi en Jésus Christ, et non pas l’expérience personnelle, est placée au centre de la confession chrétienne. Cette confession différencie l’Eglise chrétienne de la synagogue hébraïque; on pensait que quiconque confessait le Christ, reniait la synagogue juive, et était déclaré exclu par elle (Jn 2, 22 12.42.). L’expérience chrétienne est modifiée par cette confession [de Jésus-Christ] et n’est pas indépendante de celle-ci (Rom. 10,9). La confession de foi n’est pas le résultat de l’expérience, mais exactement le contraire: l’expérience est acquise dans l’unité avec la confession et la vie de l’Église; ces deux facteurs modifient et déterminent également l’authenticité de l’expérience spirituelle. De cette manière le chrétien orthodoxe n’est pas en danger de tomber dans la subjectivité et l’erreur, par l’expérience personnelle.
L’apôtre Paul ne fonde pas l’Evangile qu’il prêche sur son expérience individuelle, mais sur l’expérience des autres: Pierre, les douze, les cinq cents, Jacques et le reste des Apôtres. Il se présente comme le dernier de tous, il dit, “le dernier de tous, comme un avorton, Il [Le Christ] est même apparu à moi”, afin d’ajouter plus loin, qu’il est ce qu’il est par la grâce de Dieu. “Ainsi donc, que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce que nous prêchons, et c’est ce que vous avez cru.,” conclut-il, “(I Cor. 15, 1-11). Il ne se coupe pas de l’Eglise, et il ne se base pas non plus sur son expérience personnelle, sur laquelle il n’insiste même pas.
Le contenu de la foi, alors, n’est ni conditionné, ni formé par l’expérience personnelle de chacun, mais est transmis et est reçu dans l’Eglise (I Tim. 6,20. II Tim. 1,14. 2,2. Jude 3 ). “Comme les prophètes ont vu, que les apôtres ont enseigné, comme l’Eglise a reçu, comme les enseignants ont dogmatisé … comme la vérité a été prouvée… Ainsi, croyons-nous, ainsi parlons-nous, ainsi déclarons-nous” (Septième Concile Œcuménique).
Que le contenu de la foi constitue la norme et la mesure par laquelle le sérieux de l’expérience est mesuré, on peut le voir dans l’exemple de saint Thomas pour qui, comme les Judéens, “le signe”, l’expérience du miracle, avait une signification primordiale. Ceci, cependant, est vaincu par les paroles du Christ: “Heureux ceux qui ne voient pas et pourtant croient”, c’est-à-dire heureux ceux qui ne se fondent pas sur leur expérience personnelle (Jn 20, 28-29).
Une autre “mesure et norme” pour déterminer l’authenticité de l’expérience est l’obéissance aux enseignements du Christ; l’apôtre souligne que celui qui viole et ne respecte pas les enseignements du Christ “n’a pas Dieu” (Jn II, 9.). Toute la vie spirituelle du croyant est entendue, bien sûr, comme la vie dans l’Esprit Saint, comme un don de l’Esprit Saint Qui est le fruit de l’Amour de Dieu. Comme nous l’avons déjà mentionné, les dons de Dieu qui sont une offrande d’amour, présupposent l’acceptation complète de cet amour de la part de l’homme. L’homme prouve son profond désir d’accepter l’amour de Dieu en Lui offrant son amour complet, il doit humilier son esprit, sa chair, avec ses passions et ses désirs et offrir tout son être à Dieu (Matth. 22,37 Rm 5,.. 1-2. Gal. 5,24). Dieu accepte cette offre et avec sa grâce, Il sanctifie et transforme les œuvres de l’homme humble en dons de l’Esprit Saint qui sont joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi et surtout, amour (Gal. 5, 22-23), le plus grand don de l’Esprit Saint. Sans cette humilité totale de la part de l’homme, des expériences spirituelles ne sont pas accordées, et, si elles existent, elles ne viennent pas de l’esprit de Dieu (Jacques 4, 6 I Pierre 5,5.).
Les expériences des saints en Jésus-Christ, ont toutes les caractéristiques dont nous avons parlé. Elles ont été les expériences de l’Église et non des individus. Par conséquent, tous ceux qui ont mis en avant des expériences spirituelles et des “signes” sans les caractéristiques que nous avons évoquées qui les accompagnent, ont été trompés par l’esprit d’erreur. Ces fausses expériences sont déjà connues dans l’Ancien Testament, et même, de l’extérieur, elles apparaissent comme étant semblables à des expériences [spirituelles] véritables (Exode 7, 10-11, 20-22. 8, 18). Le Christ Lui-même nous a informés que les faux messies, les faux docteurs et les faux prophètes feraient des “signes”, afin de susciter la confusion et de tromper, si possible, même les élus, (Matth. 24, 24-25 Cf. Apoc 13, 12.. – 18).
L’apôtre Paul informe les chrétiens de Corinthe que la référence est ici pour de faux apôtres et des “ouvriers trompeurs” qui se déguisent en apôtres du Christ, tout comme Satan “se transforme en un ange de lumière”. Il n’est donc pas surprenant, l’apôtre conclut, que les serviteurs du Diable aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera à la mesure de leurs actes! (Cor II. 11, 13-15).

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