PAR LE MOINE DAMASKINOS
GRIGORIATIS
Kosmas Grigoriatis |
Enfants victimes de la magie.
Le Père Cosmas continuait ainsi sa
lettre: “Avant hier, Dimanche des Rameaux, je me trouvais à
Likasi, et à 200 m de notre église, on a découvert dans les
herbes un garçon de 12 ans, mort. On lui avait retiré
tout son sang avec une seringue pour diverses pratiques
de sorcellerie.
C’est ainsi qu’on trouve
régulièrement des cadavres dont on a extrait le
cœur pour que les sorciers puissent faire leurs
maléfices. Cela a surtout lieu avec des petits
enfants. Ils sont attrapés et amenés en brousse et, on
leur arrache le cœur alors qu’ils sont encore vivants.
Un de nos prêtres congolais, qui
était d’abord militaire, m’a dit qu’il avait vu une femme
au cachot à la BSRS et cette dernière a dit à ce prêtre
R… qu’elle était venue de Kananga au Kasaï Occidental à
destination de Lubumbashi avec son avion personnel,
et avait atterri à Fungurume (à 200 km de Lubumbashi) faute de
carburant. Et quel était son avion ? C’était une
tige de maïs qu’elle s’était liée sous le ventre, avec
deux plumes de poule, bien attachées à gauche et à
droite. Le carburant en question était du sang d’un
bébé que le sorcier avait mis à l’aide d’une seringue
dans la tige de maïs qui avait eu ainsi la force de s’envoler,
pour transporter de nuit ses passagers à des
fins obscures.
Telle est la situation en Afrique,
mon cher Constantin. C’est un fait que la magie est bien vivante en
Afrique, avec de terrifiants résultats, et la
plupart de nos chrétiens redoutent encore les
sorciers.”
La découverte des fétiches dans un bar en mai 1991.
Cette histoire que nous allons
raconter est terrible. Elle révèle la
puissance du Satan et nous enseigne par la même la force
et le pouvoir de nos prêtres orthodoxes.
Le Père Ph… de Fungurume nous a
raconté que son fils avait voulu avoir recours aux fétiches
pour s’enrichir sans peine. Il est fidèle orthodoxe et
son nom est M… Il était marié et tenait un bar à Kando, à 50 km
de Kolwezi, où il vendait de la bière. Ses clients étaient
surtout des travailleurs de la Gécamines.
Un jour, un féticheur est venu dans
son village. Voyant la maison de M…. bien arrangée, il a
demandé l’autorisation d’y entrer et lui a dit:
“Je suis féticheur et je peux vous donner des fétiches
qui vous amèneront des clients qui vous feront gagner
beaucoup d’argent en peu de temps”.
Et il commença à faire ses tours
de prestidigitation devant un grand nombre
de personnes. Il prit un papier, qu’il avait auparavant
mis dans sa bouche, et après avoir craché sur ce papier
et l’avoir froissé, ce papier se transforma en un serpent.
Et puis ce serpent redevint du papier qui se transforma
de nouveau en d’autres objets et animaux. Les gens qui
l’avaient vu présenter ces numéros étaient dans
l’admiration et croyaient avoir devant eux un “dieu”.
Notre fidèle M… lui dit: “ Je suis
Chrétien orthodoxe et je ne sais pas si ce que tu me proposes
vient de Dieu ou du diable. Je vais d’abord demander à
mon épouse et je te répondrai après”. Sa femme lui dit que
puisque jusque-là la vente de la bière ne leur avait pas beaucoup
rapporté, il valait mieux accepter la proposition
du sorcier. Son mari avait le cœur gros à ce propos et
s’y refusait, mais à la fin il céda à la pression de
sa femme qui n’était pas orthodoxe et qui lui disait:
“Prenons les fétiches et tu verras, la joie viendra
chez nous”.
Ils ont donc appelé le féticheur
pour les aider. Ce dernier mit dans deux bouteilles
pleines d’eau les gris-gris, et l’eau prit la couleur
de l’orangeade. Il recouvrit l’une des bouteilles
avec un mouchoir de tête de femme et alla l’enterrer
dans la cour de la maison. Et il dit aux deux époux: “Cette
bouteille symbolise une femme qui est morte dans le
passé et qui va attirer des gens pour vous acheter de la
bière au bar”. Dans l’autre bouteille, il mit la photos de
notre fidèle M… et creusa un trou derrière la porte dans la
maison, où il enterra la bouteille. Le sorcier fit
ensuite un petit trou sur la main droite des deux époux et
l’enduisit d’un produit magique, et il jeta le reste sur le
toit de la maison. Il prit ensuite quatre racines
d’arbre et les plaça aux quatre coins de la maison.
Enfin, il leur dit ceci: “ Ces racines que vous voyez et les
fétiches mis sur le toit vous protégeront
contre toute tentative d’un sorcier pour vous nuire.
Il ne pourra pas entrer dans votre maison, et même la foudre
ne pourra pas s’y abattre. Et maintenant beaucoup
de clients vont venir au bar et vous allez gagner beaucoup
d’argent.” M… lui demanda ce qu’il lui devait. Il lui
répondit qu’il voulait de l’argent. – “Combien?”
demanda M… –“ Je vais rester trois jours dans votre
maison, et avant de la quitter, vous me donnerez
ce que je vous demanderai” répondit le féticheur.
En travaillant au bar, M… a
gagné 500.000 zaïres le premier jour. Et les jours suivants
il gagna le même montant, si bien qu’en trois jours il avait
gagné 1.500.000 zaïres.
Le sorcier lui dit alors: “ Je
pars, donne moi tout ce que vous avez gagné pendant ces trois
derniers jours. Il a pris l’argent et avant de partir il lui a
dit: “Fais attention. Ne va pas coucher avec une autre
femme que la tienne, et ne touche pas un cadavre, même si
ton frère mourrait, il ne faut pas le toucher. Garde-toi
loin du corps d’un mort.” Et sur ces mots, il prit l’argent et
partit. M… a attendu les clients les jours suivants, mais
en vain. Personne n’est venu a son bar. Le malheur s’est
abattu sur sa maison, car plus rien n’allait et il n’y
avait même pas à manger.
Un jour, il alla dans son champ et
recueillit du manioc dans un sac qu’il alla vendre à Kolwezi.
Avec l’argent gagné en vendant le sac de manioc, il a acheté
un sac de maïs. Cette nuit-là, succombant à la
tentation de Satan, il a couché avec une autre femme,
qu’il avait violentée. Il a ensuite bu du Lutuku, l’alcool
local, et s’est beaucoup enivré. Puis il a mangé
une plante, le diamba (hashish), qui lui a fait perdre l’esprit.
Devenu fou, il ne savait plus ce qu’il faisait. Il passait
ses nuits dehors. Les soldats l’ont arrêté et l’ont
frappé, et les enfants lui jetaient de la boue dans la rue. Il se
traînait dans les avenues de la ville de Kolwezi, en
criant, et dérangeait tout le monde. Il se présenta à la
Mission Catholique, mais il fut jeté dehors avec des coups.
Son père, le Père Ph…, informé
que son fils était devenu fou et se promenait partout
à Kolwezi, est venu nous raconter cette triste histoire
à la Mission Orthodoxe et il envoya trois de ses enfants pour
l’attraper et pour le ligoter afin de l’amener
dans son village de Kisote.
Lorsqu’on l’amena ligoté à la
maison, M… a dit à son père: “Papa, quand mes frères
m’ont attrapé, j’ai vu une violente lumière, comme un éclair.
Je crois que je ne vais pas mourir.” Le Père Ph… lui
demanda la raison de son état et son fils lui révéla toute
l’histoire. On l’a amené à l’église, il s’est
confessé et aussitôt qu’on lui a lu les exorcismes
de Saint Basile, l’esprit impur s’est enfui, et M… est sorti de
l’église tout à fait apaisé. Il a dit alors à son père:
“Allons à la maison, pour y enlever les fétiches
qu’y a mis le sorcier.”
Le Père Ph… a pris la bénédiction
du Père Supérieur de la Mission et est parti à Kando avec son
fils. Arrivé sur les lieux, le Père Ph… a lu l’Office de la
Petite Bénédiction des Eaux (Agiasmos), puis il a enlevé
les bouteilles et les racines et a béni finalement
la maison en la sanctifiant avec le signe de la Croix.
Il a enlevé la photo de son fils qui était dans une des
bouteilles, a enlevé le fichu qui recouvrait l’autre, a
marqué du signe de la Croix les produits magiques et les a
versés à terre.
Lorsque le Père Ph… a déversé le
contenu de la bouteille où se trouvaient les fétiches
des cris rauques se firent entendre d’une façon étonnante.
Il a aussi aspergé d’eau bénite toute la maison ainsi que
les endroits où avaient été placés des gris-gris et il en
fit boire à son fils. Son fils lui a confessa alors: “Je voulais
travailler en conformité à la volonté de Dieu, mais le
diable m’a trompé. Je ne retomberai plus dans la
même faute et je resterai fidèle à notre Église”.
Après avoir achevé cette œuvre
apostolique, le Père Ph… est rentré en paix à la
mission et nous avons glorifié Dieu quand il nous a
raconté cette histoire. Partout où il va maintenant,
il porte témoignage de la grandeur de Dieu en racontant
cet événement pour confirmer dans la foi les
Chrétiens de ses sept paroisses.
Le prêtre Orthodoxe est un feu pour le sorcier.
Je suis prêtre à la Mission
Orthodoxe de Kolwezi depuis presque dix ans. Maintenant je travaille
à la paroisse Saint-André, à la paroisse Saint-Thomas, ainsi qu’à
la paroisse Sainte-Paraskevie. Cette histoire que je vais
raconter s’est passée au mois d’août 1990 dans la
cité de Kolwezi.
Le responsable de notre
Mission, le Père Mélétios, avait reçu l’invitation de
deux familles chrétiennes de se rendre chez eux pour
régler un problème de sorcellerie. Le Père
supérieur m’a envoyé moi en tant que Congolais et parce que
je connais mieux les problèmes de mes compatriotes.
Un garçon de 13 ans de la tribu Luba- Shaba était sorcier
depuis l’âge de 7 ans. C’était son grand-père qui l’avait
initié dans le domaine de la magie noire. Ce garçon demeurait
chez son oncle paternel, car ses parents l’avaient chassé du
toit paternel. Il y avait juste à côté de la maison de
l’oncle de ce garçon une famille orthodoxe.
Cet enfant sorcier avait trouvé
dans cette ville une femme sorcière qui lui avait dit: “Tu
seras mon mari et mon maître en sorcellerie”.
Un jour cette femme sorcière envoya l’enfant et lui dit: “Va
chercher de la nourriture: c.a.d. qu’il lui fallait
tuer un homme pour la fête de Noël et du Nouvel An (1er
janvier). Comme ‘nourriture’, l’enfant sorcier
avait trouvé son oncle dans sa maison, il avait pris en secret
son sous-vêtement (caleçon) et l’avait apporté à la
sorcière. Il est allé ensuite chez les chrétiens
orthodoxes et avait donné à un enfant de cette famille un
nyanya (aubergine) et à l’autre un poisson. Ces
deux enfants ont mangé car il étaient affamés, mais ils ont
ressenti un goût bizarre, comme s’ils mangeaient de la
chair humaine crue. Quand l’un des enfants eu mangé ce nyanya,
il perdit aussitôt son esprit.
L’oncle de ce garçon sorcier
est un chrétien protestant de la communauté
de Basantu. Il prit l’enfant et l’amena dans leur communauté.
Ils commencèrent à prier et l’enfant fit sortir
de sa bouche une corde à trois nœuds. Il voulait tuer
trois personnes au moyen de cette corde. Le pasteur
demanda à l’enfant sorcier la signification de
cette corde. Il dit qu’un des nœuds était pour son oncle de que
les deux autres étaient pour les deux enfants d’une certaine
famille. Puis il dit: “Allons dans la maison de ces chrétiens
orthodoxes. Ils ont demandé la permission d’entrer.
Dans chacune des chambres où dormaient les enfants,
il y avait sous le lit une grosse racine, qu’ils arrachèrent,
car elles étaient destinées à provoquer une
influence démoniaque mortelle aux enfants lorsqu’ils
seraient allé se coucher le soir. Puis ils rentrèrent
chez son oncle.
Les parents orthodoxes ont jugé
bon cependant d’appeler un prêtre orthodoxe. C’est
ainsi que, sur ordre du Père Mélétios, je me suis rendu chez eux.
J’ai fais venir l’enfant sorcier et nous nous sommes
assis pour parler. J’ai d’abord demandé à son oncle:
–“Connais-tu le problème de ton neveu?” –“Oui, je
sais qu’il est sorcier” me dit-il. Et j’ai demandé aussi
à l’enfant: – “Es-tu sorcier?” – “Oui, je suis
sorcier”. – “Donnes-moi tes instruments de
sorcellerie”. L’enfant a répondu: – “Je ne
peux pas vous les donner, car une certaine femme en sera fâchée
et elle va me tuer”. Je lui ai dit: –“Non, elle ne te tuera
pas; si tu crois au vrai Dieu, tu ne mourras pas”. Ces mains
étaient liées, je les ai ouvertes et je lui ai dit: “Notre
Dieu t’aime et t’aidera”.
L’enfant m’a répondu: – “Nous
faisons nos cérémonies dans les cimetière en
pleine nuit”. – “Comment as-tu commencé, et comment
prenez-vous d’autres personnes dans vos
maléfices?” –“Nous prenons le sous-vêtement
ou un fil d’un vêtement de la personne que nous voulons
ensorceler, que nous voulons faire mourir ou que
nous voulons amener dans notre groupe.”
– “Si tu touches le vêtement
de quelqu’un tu peux l’ensorceler, as-tu dit?”
– “Oui, c’est très facile.” – “Et si tu prenais
un fil ou touchais mon vêtement, tu pourrais donc
m’ensorceler?” – “Non, non, non pas vous! Il y
a du feu sur vous et si je m’approche de vous ça va me
brûler”. J’ai alors demandé à ses parents: – “Votre
enfant est-il sorcier?” – Oui, il l’est depuis l’âge
de 7 ans.” – “Il faut l’aider à quitter la
sorcellerie, car il aura beaucoup de
difficultés dans sa vie. Si aujourd’hui il est
entré chez des chrétiens orthodoxes, il est possible
qu’il entre demain ailleurs et après-demain il sera en prison.
Et vous paierez de l’argent à l’État et aux personnes
auxquelles il aura porter préjudice.”
Finalement, j’ai convoqué
tous les chrétiens orthodoxes qui se trouvaient là, j’ai
inscrit leurs noms et j’ai célébré l’Office de la Petite
Bénédiction des Eaux (Agiasmos), puis j’ai lu les prières
d’exorcisme de Saint Basile, et j’ai oint les deux enfants
avec le myron de la Mère de Dieu de Malévie que les Pères de la
Mission m’avaient donné. Tout le monde était content et a
glorifié Dieu à cet effet. Depuis lors ces enfants n’ont
souffert d’aucun problème diabolique. Ils vont
à l’église, se confessent et communient. Il faut
noter que dès qu’il rentra chez lui, cet enfant sorcier
a perdu complètement la raison.
Cette histoire a été racontée
à l’auteur de ce livre par le Père Jacques Banza Kafutakanya.
Association Missionnaire “Saint Cosmas
d’Aitolie”. Thessalonique/ GRECE 1998
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